Les Cahiers n°6 sont sortis depuis le 14 décembre 2024. Les numéros 2, 3, 4 et 5 sont toujours disponibles, contrairement aux Premiers Cahiers épuisés. En vente sur Carmaux ou par correspondance en nous envoyant un courriel à histoireetpatrimoineducarmausin@yahoo.fr Retrouvez l'actualité de l'association sur la page Facebook : www.facebook.com/histoireetpatrimoineducarmausin

Retour en images sur la restauration de l'emblème du Cercle des Travailleurs (Carmaux)

Façade du Cercle des Travailleurs avant restauration (Avenue Jean Jaurès à Carmaux)
Le Cercle des Travailleurs a été créé par douze verriers, huit mineurs, un barbier, un instituteur, un charron, un maçon, un boucher et un sculpteur. La date retenue pour la fondation est celle de 1880.

L'emblème du cercle des travailleurs est enlevé de la façade afin d’être restauré. Deux pointes de 7 cm le maintenaient en position à cheval sur le joint de séparation des deux bâtisses.

Le médaillon porte les attributs des mineurs : deux pics et une lampe rave et celui des verriers : deux cannes à souffler le verre (garnies de pâte de verre à leur extrémité). Une masse et un burin pourraient être attribués aux travailleurs de la pierre, autrement dit aux chaufourniers ou bien à notre sculpteur fondateur et par delà au maçon.
La couronne de chêne marque : l'union et la force
Le bonnet : la liberté
La cocarde: la république
Les mains jointes : la solidarité.
Ce morceau de calcaire tendre présente une surface très dégradée, en grande partie déminéralisée. Une pellicule noire et grasse reste encore présente sur tout le feuillage sculpté. Sur les parties nues de la pierre, les grains de calcaire se détachent par frottement des doigts. L’étape suivante de restauration, après dégraissage, a été de consolider ces zones et de reprendre au mastic de sculpteur les parties détruites.
Première opération : nettoyage.
Après l'application d'un cataplasme "cellulose-argile-gel de nettoyage, les restaurateurs bénévoles ont procédé au nettoyage minutieux de la pierre. Le travail s'est terminé par raclage de zones très ciblées. Séchage à cœur de la pierre en cabine pendant sept jours.
La deuxième, de consolider (reminéraliser) la pierre en profondeur avec une solution de silicate d'éthyle (3 litres, temps de séchage 15 jours).
La troisième, de réparer et reconstituer à l'aide de mastic à base de chaux et poudre calcaire la surface et les éléments disparus de la sculpture.
Des traces de polychromies se sont révélées, dont un rouge très vif pour le lettrage.



La quatrième, passage d’une patine de fond afin de préparer la pierre.
Reproduction sur papier des éléments à reprendre, fabrication d'un mastic de sculpteur et application soignée sur les parties endommagées de l’œuvre, restitution du coq et autres pièces manquantes de la lampe. 




La cinquième, patine polychrome de finition.
40 heures de travail bénévole ont été nécessaires pour réaliser cette restauration.
Un autre article sur l'emblème du Cercle des travailleurs : cliquez ici.
Photos de Didier Benoit.

La restitution du cadran solaire du Domaine de la Verrerie

Depuis quelques semaines, il est désormais possible d'admirer le cadran solaire situé sur le pigeonnier du Domaine de la Verrerie. Sa reconstitution a été assurée par Didier Benoit, qui nous relate l'histoire de ce cadran, sa description et sa réalisation. L'association Histoire et Patrimoine du Carmausin de son côté s'est investie dans des recherches en archives et sur site, afin de réunir le maximum d'informations susceptibles d'aider à cette restitution.

Le cadran solaire du Domaine de la Verrerie
au début du XXème siècle
> Historique :

Par décret royaux du 2 mai et du 12 septembre 1752, Louis XV autorise Gabriel de Solages et sa descendance à créer une verrerie à bouteilles et une concession pour exploiter les mines de charbon autour de cette verrerie. Entre 1752 et 1754, la verrerie royale de Carmaux avec ses dépendances (maisons de verriers et de direction, stockage, puits d'extraction etc….) verra le jour. Une briqueterie sera aussi créée  A partir de 1755, Gabriel de Solages et son épouse Marie de Julliot de Longchamps s’installent dans une  gentilhommière qu’ils viennent de faire construire et qui intègre le nouvel ensemble de fabrique. Le pigeonnier qui porte le cadran solaire date de cette époque là, et a logiquement était construit dans la continuité de cet ensemble de production d’avant-garde.

Le tracé mathématique de ce cadran solaire, interprété à partir de la photo ci-dessus, emmène les personnes averties à la science gnomonique, à la création d’un instrument de précision. Il a été conçu pour le personnel privé et professionnel du lieu, et attraper la fuite du temps que les horloges du domaine ne savaient encore maîtriser. Nous avons donc là, la quasi certitude, qu’un cadran solaire a été dès l’origine de la verrerie mis en place pour participer à la gestion du temps de la production humaine. Ce même temps maîtrisé qui ouvrira, dans les décennies à venir, le chemin de la révolution industrielle.
Le pigeonnier aujourd'hui est amputé de la partie septentrionale de son bâtit. On peut voir sur le plan du XVIIIème siècle reproduit sur la façade opposée à celle qui porte le cadran solaire l'implantation de la fabrique avec toutes ses dépendances au moment de sa création. Pour l'histoire, le château représenté sur le dessin prendra la place de la gentilhommière quelques temps après la naissance de la fabrique.

> Le cadran solaire :

Ce cadran solaire à été répertorié dans la deuxième moitié du XIXème siècle par le Baron Edmond de Rivières, éminent archéologue Tarnais natif d’Albi, à qui l’on doit les premiers recensements des cadrans solaires de France. Dans son livre «Inscription et devises horaires de 1885 » il cite : Au domaine du Marquis de Carmaux un cadran solaire avec sa devise UMBRA REGIT. La photo ci-dessus qui date du début du XXème apporte un complément d’informations inespéré et sur lequel va pouvoir s’appuyer sa restitution. La vue de ce cadran solaire est exceptionnelle de clarté. Comme on peut  le voir sur la photo, la table (2) du cadran est grande (les pierres d'angles encore visibles de nos jours servent de jalons). Cette table est positionnée basse sur le pigeonnier afin que la corniche de la toiture ne nuise pas à son éclairage en été. Le style (3) en fer forgé est puissant. Une protubérance termine son extrémité. Les lignes des heures et des demi-heures partent toutes de son point d'implantation. Le centre de cet indicateur du temps semble porter une tête radiée qui figure l'astre du jour ; dont les lignes simulent les rayons. Aux extrémités des droites des heures, dans un bandeau délimité par deux liserés, se lient les chiffres arabes 8, 9, 10, 11, 12, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 puis, au dessus, dans l'espace laissé libre entre le pied du style et le bandeau supérieur l’emplacement de deux mots à peine perceptibles: UMBRA REGIT, que le baron de Rivières nous dévoile dans son mémoire. Sur la table la palette des couleurs se limite aujourd’hui à l’interprétation des teintes saturées. Tous les composants majeurs de cet indicateur du temps nous sont donc connus excepté le millésime dont une ombre suggère l’emplacement entre les deux mots de la devise.
Le cadran solaire restitué
Note : Le millésime en partie effacé porté aujourd'hui sur le cadran solaire restitué est de mon interprétation, car la date précise de la décennie qui a vu sa création ne nous est pas connue. Saint Hildevert me pardonnera cette liberté.
Son chiffrage de type "Arabes" interpelle. La gnomonique du XVIIIème siècle se nourri de chiffres Romains et médite sur des devises latines. Sur le cadran solaire de la verrerie seule la devise est conforme aux usages de l'époque. Elle marque son appartenance à la religion de l'église de Rome dont le siècle est tout imprégné. "Umbras umbra regit, pulvis et umbra sumus" ; l'ombre dirige nos ombres, nous ne sommes qu'ombre et poussière. Son origine est à rapprocher de la Genèse, III,19. Encore une fois notre condition de mortel nous est rappelée. Le chiffrage Arabes trouve ici son sens dans une lecture vulgaire. Il n'est pas un cas isolé dans la gnomonique tarnaise.
> L'oeuvre :
Ce cadran solaire de facture académique est la réalisation d’un cadranier (4) professionnel. La disposition et netteté du tracé mathématique analysée sur la photo, laisse présager une table légèrement déclinante sud/ouest, ce qui c'est avéré vrai après vérification. Dans la pure tradition gnomonique (1) de notre région, ce cadran solaire est réalisé sur un corps d’enduit de chaux selon la technique ancestrale du travail de la fresque. Ce cadran a disparu de nos jours. J'ai rencontré une seule difficulté, la ligne horaire de 2h 30. Pour des raisons historiques je l'ai laissé telle que le cadranier l'avait calculé.
Note : Nous avons avec l'association Histoire et Patrimoine cherché dans le corps d'enduit les restes d'éventuels vestiges de l'ancien cadran solaire. Nous n'avons rien trouvé. En 1968, le crépis du pigeonnier ainsi que celui de château a été entièrement refait et les maçon ont piqué les murs à la pierre. La facture de ce travail est de très mauvaise qualité, âgé seulement d'une cinquantaine d'années cet enduit est totalement déminéralisé et s'enlève avec le plat de la main. Une simple minéralisation réglerait définitivement le problème.
(1) Gnomonique : art de concevoir, dessiner ou calculer et construire des cadrans solaires.
(2) Table : surface sur laquelle le cadranier réalise son cadran solaire (bois, pierre, fer, enduit  etc…) 
(3) Style : tige en fer la plupart des cas qui porte sur la table du cadran solaire l’ombre nécessaire à la lecture des angles horaires. L’équivalent des aiguilles de nos montres.
(4) Cadranier (ou gnomoniste) : celui qui réalise des cadrans solaires, les installe ou les restaure.

> Remerciements : Francis Maffre président de la Communauté des communes du Carmausin ainsi que toute son équipe, la caisse locale du Crédit Agricole de Carmaux, la fondation de la Banque Populaire Occitane.
Didier Benoit

L'emblème du Cercle des Travailleurs restauré

Exposé dans un premier temps dans le hall de la mairie de Carmaux, l'emblème du Cercle des Travailleurs restauré par des bénévoles de l'association, a retrouvé son emplacement initial : la façade de l'ancien Café des Arts.
Prochainement sur ce blog son histoire, les étapes de sa restauration ainsi que les photos des bénévoles au travail.
En attendant, à lire, deux articles de La Dépêche du Midi (6/06/2013) 

La restauration de la maquette d'André Martin représentant les deux puits de mine de La Tronquié

La maquette restaurée
   Au début de l'hiver, la municipalité de Saint-Benoit-de-Carmaux a fait appel à l'association H.P.C pour savoir si ses membres étaient intéressés par la restauration d'une maquette représentant les deux anciens puits de mine de La Tronquié. Cette maquette avait été réalisée par André Martin, bénédictin et mineur.


   Sans compter les heures, armés de patience et d'une bonne dose de précision, les bénévoles ont donc procédé à cette restauration.
Ci-dessous, retrouvez les images de leur travail.

   La maquette rejoindra l'école de Fontgrande, pour transmettre aux jeunes générations la mémoire de l'industrie minière sur le Carmausin. Un grand bravo à tous les bénévoles !

Plus d'explications dans un article sur les restaurations entreprises par l'association, 
dans Les Cahiers n°2 (sortie prévue à l'automne).
Un article de La Dépêche du Midi (cliquez ici).

Une restauration au domaine de la Verrerie

Les 13 et 14 mars derniers, a eu lieu, la restauration des épis de faîtage du pigeonnier du domaine du marquis de Solages. Une restauration assez rapide, les bénévoles ayant profité de la présence d'un échafaudage servant à effectuer des travaux sur la toiture, pour réaliser cette opération.

Didier Benoit nous explique le lifting qu'ont subi ces deux pièces, vieilles de plus de 200 ans.

"Les parties déformées ont été à l'aide de cales de bois et de maillet reformées. Les parties défoncées ont été mécaniquement repoussées.  Les voies d'eaux ont été colmatées. Un primaire époxy bi-composant pour plomb a été répandu sur l'intégralité des surface y compris l'intérieur des boules occupé par des pièces sphériques en bois de chêne servant de gabarit et raidisseur. Les jambages sur lesquels reposent les boules ont été renforcés aux angles aux moyens de fer/époxy et trame inox. Les espaces vide de l'intérieur des boules dus à la décomposition partielle du bois ont été traités avec des résines polyester. 
La surface extérieure a reçu une couche supplémentaire de résine époxy bi-composant pour plomb et deux couches de primaire couleur gris/plomb. Les rondins de fer servant au montage ont été changés par des pièces plus longues afin de les enfoncer plus profondément dans la charpente et à l'intérieur des boules Cela devrait suffire pour quelques décennies."

Félicitations aux bénévoles qui ont participé à cette opération de sauvegarde ! La toiture et ses épis pourront être admirés par les visiteurs des nouvelles expositions de la saison 2013 du Musée et Centre d'art du Verre.