Depuis quelques semaines, il est désormais possible d'admirer le cadran solaire situé sur le pigeonnier du Domaine de la Verrerie. Sa reconstitution a été assurée par Didier Benoit, qui nous relate l'histoire de ce cadran, sa description et sa réalisation. L'association Histoire et Patrimoine du Carmausin de son
côté s'est investie dans des recherches en archives et sur site, afin de réunir
le maximum d'informations susceptibles d'aider à cette restitution.
Par décret
royaux du 2 mai et du 12 septembre 1752,
Louis XV autorise Gabriel de Solages et sa descendance à créer une verrerie à
bouteilles et une concession pour exploiter les mines de charbon autour de cette verrerie. Entre 1752 et
1754, la verrerie royale de Carmaux avec ses dépendances (maisons de verriers et
de direction, stockage, puits d'extraction etc….) verra le jour. Une briqueterie
sera aussi créée A partir de 1755, Gabriel de Solages et son épouse Marie de
Julliot de Longchamps s’installent dans une
gentilhommière qu’ils viennent de faire construire et qui intègre le
nouvel ensemble de fabrique. Le pigeonnier qui
porte le cadran solaire date de cette époque là, et a logiquement était
construit dans la continuité de cet
ensemble de production d’avant-garde.
Le tracé
mathématique de ce cadran solaire, interprété à partir de la photo ci-dessus,
emmène les personnes averties à la science gnomonique, à la création d’un
instrument de précision. Il a été conçu pour le personnel privé et professionnel du lieu, et attraper la fuite du
temps que les horloges du domaine ne savaient encore maîtriser. Nous avons donc
là, la quasi certitude, qu’un cadran solaire a été dès l’origine de la verrerie
mis en place pour participer à la gestion du temps de la production humaine. Ce
même temps maîtrisé qui ouvrira, dans les décennies à venir, le chemin de la
révolution industrielle.
Le pigeonnier
aujourd'hui est amputé de la partie septentrionale de son bâtit. On peut voir
sur le plan du XVIIIème siècle reproduit sur la façade opposée à celle qui
porte le cadran solaire l'implantation de la fabrique avec toutes ses
dépendances au moment de sa création. Pour l'histoire, le château représenté sur
le dessin prendra la place de la gentilhommière quelques temps après la
naissance de la fabrique.
> Le cadran solaire :
Ce cadran solaire à été répertorié dans la deuxième moitié du XIXème siècle par le Baron Edmond de Rivières, éminent archéologue Tarnais natif d’Albi, à qui l’on doit les premiers recensements des cadrans solaires de France. Dans son livre «Inscription et devises horaires de 1885 » il cite : Au domaine du Marquis de Carmaux un cadran solaire avec sa devise UMBRA REGIT. La photo ci-dessus qui date du début du XXème apporte un complément d’informations inespéré et sur lequel va pouvoir s’appuyer sa restitution. La vue de ce cadran solaire est exceptionnelle de clarté. Comme on peut le voir sur la photo, la table (2) du cadran est grande (les pierres d'angles encore visibles de nos jours servent de jalons). Cette table est positionnée basse sur le pigeonnier afin que la corniche de la toiture ne nuise pas à son éclairage en été. Le style (3) en fer forgé est puissant. Une protubérance termine son extrémité. Les lignes des heures et des demi-heures partent toutes de son point d'implantation. Le centre de cet indicateur du temps semble porter une tête radiée qui figure l'astre du jour ; dont les lignes simulent les rayons. Aux extrémités des droites des heures, dans un bandeau délimité par deux liserés, se lient les chiffres arabes 8, 9, 10, 11, 12, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 puis, au dessus, dans l'espace laissé libre entre le pied du style et le bandeau supérieur l’emplacement de deux mots à peine perceptibles: UMBRA REGIT, que le baron de Rivières nous dévoile dans son mémoire. Sur la table la palette des couleurs se limite aujourd’hui à l’interprétation des teintes saturées. Tous les composants majeurs de cet indicateur du temps nous sont donc connus excepté le millésime dont une ombre suggère l’emplacement entre les deux mots de la devise.
> Le cadran solaire :
Ce cadran solaire à été répertorié dans la deuxième moitié du XIXème siècle par le Baron Edmond de Rivières, éminent archéologue Tarnais natif d’Albi, à qui l’on doit les premiers recensements des cadrans solaires de France. Dans son livre «Inscription et devises horaires de 1885 » il cite : Au domaine du Marquis de Carmaux un cadran solaire avec sa devise UMBRA REGIT. La photo ci-dessus qui date du début du XXème apporte un complément d’informations inespéré et sur lequel va pouvoir s’appuyer sa restitution. La vue de ce cadran solaire est exceptionnelle de clarté. Comme on peut le voir sur la photo, la table (2) du cadran est grande (les pierres d'angles encore visibles de nos jours servent de jalons). Cette table est positionnée basse sur le pigeonnier afin que la corniche de la toiture ne nuise pas à son éclairage en été. Le style (3) en fer forgé est puissant. Une protubérance termine son extrémité. Les lignes des heures et des demi-heures partent toutes de son point d'implantation. Le centre de cet indicateur du temps semble porter une tête radiée qui figure l'astre du jour ; dont les lignes simulent les rayons. Aux extrémités des droites des heures, dans un bandeau délimité par deux liserés, se lient les chiffres arabes 8, 9, 10, 11, 12, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 puis, au dessus, dans l'espace laissé libre entre le pied du style et le bandeau supérieur l’emplacement de deux mots à peine perceptibles: UMBRA REGIT, que le baron de Rivières nous dévoile dans son mémoire. Sur la table la palette des couleurs se limite aujourd’hui à l’interprétation des teintes saturées. Tous les composants majeurs de cet indicateur du temps nous sont donc connus excepté le millésime dont une ombre suggère l’emplacement entre les deux mots de la devise.
Le cadran solaire restitué |
Note :
Le millésime en partie effacé porté aujourd'hui sur le cadran solaire restitué
est de mon interprétation, car la date précise de la décennie qui a vu sa
création ne nous est pas connue. Saint Hildevert me pardonnera cette
liberté.
Son
chiffrage de type "Arabes" interpelle. La gnomonique du XVIIIème siècle se nourri
de chiffres Romains et médite sur des devises latines. Sur le cadran solaire de
la verrerie seule la devise est conforme aux usages de l'époque. Elle marque son
appartenance à la religion de l'église de Rome dont le siècle est tout imprégné.
"Umbras umbra regit, pulvis et umbra sumus" ; l'ombre dirige nos ombres,
nous ne sommes qu'ombre et poussière. Son origine est à rapprocher de la Genèse,
III,19. Encore une fois notre condition de mortel nous est rappelée. Le
chiffrage Arabes trouve ici son sens dans une lecture vulgaire. Il n'est pas un
cas isolé dans la gnomonique tarnaise.
> L'oeuvre :
Ce
cadran solaire de facture académique est la réalisation d’un cadranier (4)
professionnel. La disposition et netteté du tracé mathématique analysée sur la
photo, laisse présager une table légèrement déclinante sud/ouest, ce qui c'est
avéré vrai après vérification.
Dans
la pure tradition gnomonique (1) de notre région, ce cadran solaire est réalisé
sur un corps d’enduit de chaux selon la technique ancestrale du travail de la
fresque. Ce cadran a disparu de nos jours. J'ai rencontré une seule difficulté,
la ligne horaire de 2h 30. Pour des raisons historiques je l'ai laissé telle
que le cadranier l'avait calculé.
Note :
Nous avons avec l'association Histoire et Patrimoine cherché dans le corps
d'enduit les restes d'éventuels vestiges de l'ancien cadran solaire. Nous
n'avons rien trouvé. En 1968, le crépis du pigeonnier ainsi que celui de château
a été entièrement refait et les maçon ont piqué les murs à la pierre. La facture
de ce travail est de très mauvaise qualité, âgé seulement d'une cinquantaine
d'années cet enduit est totalement déminéralisé et s'enlève avec le plat de la
main. Une simple minéralisation réglerait définitivement le problème.
(1) Gnomonique : art de concevoir, dessiner ou calculer et construire des cadrans
solaires.
(2)
Table :
surface sur laquelle le cadranier
réalise
son cadran solaire (bois, pierre, fer, enduit
etc…)
(3)
Style :
tige en fer la plupart des cas qui porte sur la table du cadran solaire l’ombre
nécessaire à la lecture des angles horaires. L’équivalent des
aiguilles de nos montres.
(4)
Cadranier
(ou gnomoniste) : celui
qui réalise des cadrans solaires, les installe ou les
restaure.
> Remerciements : Francis Maffre président de la
Communauté des communes du Carmausin ainsi que toute son équipe, la caisse
locale du Crédit Agricole de Carmaux, la fondation de la Banque Populaire Occitane.
Didier Benoit