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Restauration de la croix du cimetière de Rosières datant du XIIIème siècle

Réalisation bénévole par des membres 
de l’association « Histoire et Patrimoine du Carmausin » : 
Anne Marie Bories, Jean Picard, Avélino Diaz, Didier Benoit.
     Les croix sont de multiples natures : Croix de chemins, croix commémoratives, croix de sépulture. Il s’agit ici d’une croix d’autel anépigraphe. Cette croix du cimetière de Rosières a probablement subi de nombreux déplacements et métamorphoses avant de se retrouver à cette place et dans cet état.


     Elle apparaît aujourd’hui en deux parties distinctes. Un liant de ciment sert de joint à la jonction des deux pierres. Seule la partie haute (Christ en croix) existait primitivement. En effet avant d’occuper une place dans le cimetière (3), cette croix  était vraisemblablement une pierre d’autel. La croix initiale est taillée dans un bloc de pierre de grès rouge violacé provenant des carrières de Salles sur Cérou.

     Sa dernière métamorphose à consisté à la rehausser. On a utilisé, pour faire la colonne, un matériau d’une autre provenance. Il s’agit de pierre de grès rouge orangé de Saint Benoit de Carmaux. Une tige en fer assure la stabilité et garantit la jonction jambage / croix.

    Si la modernité présente la crucifixion comme expression de la passion du Christ c'est-à-dire comme souffrance librement subie, c’est ici un Christ d’espérance – C’est un visage poupin presque enfantin, dans une représentation naïve. Art naïf – art populaire : les qualificatifs ne manquent pas pour exprimer cette sculpture de facture archaïque.
     C’est ici un christ vainqueur de la mort, porteur d’espérance, un christ de joie. Antérieurement au XIIIème il semblerait que l’accent ne soit pas mis sur une souffrance rédemptrice expiatrice des pêchés.

     Ce qui choque en regardant cette croix, c’est la belle couleur bleu-nuit de la pierre. Malheureusement ceci s’explique par une forte attaque bactérienne et la présence de lichens sur quasiment toute la surface.
    Il a fallu, munis de pinceaux brosses, masques et lunettes appliquer un biocide à large spectre d’action contre les lichens, bactéries et autres mousses. La solution est portée dans du white-spirit pour ralentir l’évaporation naturelle du produit une fois appliqué sur le support.

     Encore faut-il laisser agir une dizaine de jours puis nettoyer à la brosse tendre et à l’eau déminéralisée.

     Si la tige de fer assure toujours la stabilité de l’édifice, la jonction entre les deux parties pose problème.
     Les zones de contact des pierres avec l’alcalinité des ciments présentent une altération de surface due à la décomposition de leur liant naturel. Nous avons donc piqué et curé les joints. Afin de ne prendre aucun risque nous avons provisoirement consolidé au mastic polyester.
     L’étape suivante est un joint à la chaux mélangé à un agrégat de silice et de pierre de grès broyé à cette jonction croix / pied colonne.

     De plus un délitement important occupe toute la surface arrière de la croix.
    C’est imposé une injection à la seringue d’un liant de chaux micronisée / kaolin / glycérol dans les interfaces des parties délitées.
     Les mesures conservatoires d’abord, les traitements ensuite ont nécessité trois étapes d’intervention et ont duré deux semaines.


     Si ce petit monument ne retrouve pas sa place initiale parions qu’il retrouvera son attrait et son charme initiaux.
Anne-Marie Bories
Le diaporama des différentes étapes de la restauration :
     Notes :
       (1) Ce travail de restauration a été étudié par Elise Rachaize et Stéphane Moreau, deux restaurateurs professionnels spécialistes nationaux des pierres et bois sculptées. La prestation mise en œuvre est respectueuse de l’art de la restauration pratiqué en ce début de troisième millénaire.
     (2) Le treizième siècle marque ici la période ou va cesser la représentation du christ en « gloire », vainqueur de la mort, pour lui être préféré à une image plus expressive de sa passion dont on retiendra la souffrance. Notre croix va donc au delà de cette datation. Le XII ème siècle est celle que des spécialistes et des historiens retiennent.  Pour cette période la ville de Rosières possède une autre croix de ce type que l’on peut voir au bourg. Cette croix demande aussi une intervention urgente. Ces deux croix sont aujourd’hui des pièces  uniques dans notre région.
     (3) En 1925, lors de l’agrandissement du cimetière la croix sera déplacée pour occuper son nouveau centre. C’est à ce moment là qu’elle sera surélevée avec un pied colonne. Auparavant elle marquait le centre du vieux cimetière à côté des tombes des anciens châtelains, les Fournials et de celle de leurs régisseurs, les Bleys.             
      (4) Cette croix a été en Août 1993 restaurée sur la demande d’un paroissien. Les travaux ont été réalisés par l’entreprise Chevrin-Géli, entreprise conseillée par le directeur des ABF alors en place.  Récemment un emplâtre de ciment a été appliqué pour reconstituer la partie arrière manquante de la croix, sans aucune autorisation de la part de la mairie. Dans tous les cas cette dernière intervention n’est en rien responsable de l’état actuel de cette croix. Son délitement n’est du qu’à une étape naturelle de son long vieillissement.
      (5) La pierre du pied-colonne qui supporte la croix est celle aujourd’hui  qui pose le plus de problème de part sa fragilité. Une surveillance continue devra  garantir son évolution. La mise en place d’un double cerclage apporterait une certaine tranquillité. 


Remerciements :
  •  Alain Astié, maire de Rosières.
  • Jacques Castagné, historien local.
  • Lise et Stéphane Rachaize-Moreau, restaurateurs, pour leur complicité et la préparation des produits employés.

Didier Benoit